Le sens de notre vie
Bienheureux Charles de Foucauld |
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Vie de Saint Antoine par saint Athanase d’Alexandrie Etant une autre fois entré dans l’église, et entendant lire l'Evangile où Jésus-Christ dit : « Ne vous inquiétez pas du lendemain » (Mt 6, 34), Antoine ne put se résoudre à demeurer davantage dans le monde. Et ainsi, il donna aux plus pauvres ce qui lui restait et mit sa soeur entre les mains de quelques filles fort vertueuses qui étaient de sa connaissance, afin de l'élever dans la crainte de Dieu, et dans l'amour de la virginité. Il quitta sa maison pour embrasser une vie solitaire, veillant sur lui-même, et vivant dans une très grande tempérance : il n'y avait pas alors en Égypte beaucoup de maisons de solitaires, et nul d'entre eux ne s'était encore avisé de se retirer dans le désert, mais chacun de ceux qui voulaient penser sérieusement à son salut, demeurait seul en quelque lieu près de son village. Dans un petit champ proche d'Antoine, il y avait un bon vieillard, qui dès sa première jeunesse avait passé toute sa vie en solitude. L'ayant vu et étant touché d’un louable désir de l’imiter, il commença à demeurer aussi dans un lieu séparé du village, et s’il apprenait qu’il y avait quelqu’un qui travaillait avec soin pour s’avancer en cette sorte de vie, il imitait la prudence des abeilles en allant le voir ; et il ne s’en retournait pas sans l’avoir vu, afin de remporter de sa conversation quelques instructions qui lui serviraient à se former à la douceur des vertus chrétiennes. Ayant commencé ainsi, il fortifiait son esprit dans le dessein de servir Dieu ; il ne se souvenait plus ni de ses parents, ni de ses alliés, et ne pensait à autre chose qu’à s’employer de tout son pouvoir à acquérir la perfection de la vie solitaire ; il travaillait de ses mains, sachant qu’il est écrit : «Que celui qui ne travaille pas, ne doit pas manger» (2 Th 3, 10) et ne gardant que ce qu’il lui fallait pour vivre, il donnait le reste aux pauvres. Il priait très souvent, parce qu’il avait appris qu’il fallait sans cesse prier dans son coeur (1 Th 5) et il lisait avec tant d’attention, que n’oubliant jamais rien de ce qu’il avait lu, sa mémoire lui servait de livres. Cette manière de vivre le faisait aimer de tous. |
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Les moines essayent de devenir disciples, ils vivent l’Evangile sous une règle et un Abbé : « ÉCOUTE, MON FILS, les instructions du maître et prête l’oreille de ton coeur ; accepte les conseils d’un vrai père et suis-les effectivement. Ainsi tu reviendras par le travail de l’obéissance à celui dont t’a éloigné la paresse de la désobéissance. Mon discours s’adresse donc maintenant à toi, qui que tu sois qui renonces à tes volontés propres et prends les armes très puissantes et glorieuses de l’obéissance, afin de militer pour le Seigneur Christ, le vrai Roi. Tout d’abord, quand tu entreprends une bonne action, demande-lui, par une très instante prière, qu’il la parachève. Alors celui qui a déjà daigné nous compter au nombre de ses fils n’aura pas un jour à s’attrister de nos mauvaises actions. Car, en tout temps, il nous faut lui obéir avec les dons qu’il a mis en nous, pour que, Père indigné, il ne déshérite jamais ses fils, ou que, Seigneur redoutable, irrité de nos mauvaises actions, il ne livre au châtiment éternel les très mauvais serviteurs qui n’auraient pas voulu le suivre vers la gloire. » Tels sont les premiers mots de la Règle de Saint Benoît. Écrite au VIème siècle, cette Règle est lue et commentée tous les jours dans la salle dite « du chapitre », ainsi nommée car on y lit un chapitre ! La Règle est un condensé évangélique des sagesses monastiques des déserts d’Égypte et de Syrie. Comme l’a fait remarquer Bossuet au XVIIème siècle : « La Règle est un précis de christianisme, un docte et mystérieux abrégé de la doctrine de l’Evangile. » Elle est la norme de vie de la communauté monastique. Une abbaye est toujours un carrefour Les hommes et les femmes de tous les temps aiment à s’y retrouver pour tourner ensemble leur regard intérieur vers le Ciel . Ce lieu est riche, et il y fait bon vivre. Pauvre cependant, car seuls la lande et les bois trouvent un peu de terre pour vivre entre des hivers rudes et longs. Le moine lui, dans la fraternité du quotidien va à l’essentiel. Il est de ces ardéchois qui savent, à travers les méandres, prendre des raccourcis pour aller droit au but !
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Saint Bernard : traité de l’humilité et de l’orgueil. Je vais donc parler des degrés d'humilité, que saint Benoît nous a donnés non pas à compter, mais à monter. Je vais, d'abord, essayer de montrer où ils nous conduisent, pour que l'appât de la récompense rende l'ascension moins pénible. Le maître de la route nous montre en effet la peine de cette route, et la récompense de cette peine. « Je suis, dit-il, la voie, la vérité et la vie » (Jn 14,6). La voie c'est l'humilité, qui conduit à la vérité. L'humilité est peine, la vérité est fruit de la peine. D'où sais-je, diras-tu, qu'il parle de l'humilité, quand il dit : « je suis la voie » sans rien préciser ? Voici qui est plus clair : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur » (Mt 11,29). Il se propose donc comme exemple d'humilité, comme modèle de douceur. Si tu l'imites, tu ne marcheras pas dans les ténèbres, mais tu auras la lumière de vie. Qu'est-ce que la lumière de vie, sinon la vérité ? Elle illumine tout homme venant en ce monde, et montre où est la vraie vie. Aussi, après avoir dit : « Je suis la voie et la vérité », il ajoute « et la vie », comme pour dire : « Je suis la route qui conduit à la vérité ; je suis la vérité qui promet la vie ; je suis la vie que je donne ». « Car la vie éternelle, dit-il, c'est qu'ils te connaissent, toi, Dieu vrai, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». (Jn 17,3). C'est comme si tu lui disais : je vois la route, qui est l'humilité ; je désire le fruit, la vérité. Mais que faire si la route est trop peineuse pour que je puisse arriver à la récompense que je désire ? Il répond : « Je suis la route, c'est-à-dire le viatique qui te soutiendra le long de la route.» Il crie donc à ceux qui se trompent et qui ne connaissent pas le chemin : « Je suis la voie » ; à ceux qui doutent et ne croient pas : « Je suis la vérité » ; à ceux qui montent déjà, mais se fatiguent : « Je suis la vie. » Je crois avoir assez montré, en partant des mots de l'Évangile, que la connaissance de la vérité est le fruit de l'humilité. Mais écoute encore ceci: « Je te rends gloire, Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses (évidemment les secrets de la vérité) aux savants et aux prudents (c'est-à-dire aux orgueilleux) et que tu les as révélées aux petits », c'est-à-dire aux humbles (Mt 10,25). Dans ce passage aussi, il apparaît que la vérité se cache aux superbes et se révèle aux humbles. On peut définir ainsi l'humilité : l'humilité est une vertu par laquelle l'homme, dans une vraie connaissance de soi-même, devient vil à ses propres yeux.
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Moines : Bénédictins, Cisterciens, Trappistes La manière particulière de vivre dans un monastère correspond à une prise au sérieux des invitations du Christ. D’où une certaine radicalité. Les moines ne sont pas meilleurs ou supérieurs. Ils essayent d’aller jusqu’au bout du OUI, jusqu’au bout du don, jusqu’au bout du feu. Tous ne sont pas appelés au sacrifice suprême comme celui que vécurent les moines martyrs, trappistes de Tibhirine. Au quotidien cependant, comme le Bienheureux Marie-Joseph Cassant moine trappiste mort à l’âge de 25 ans, en 1903, les moines d’aujourd’hui veulent tenter de vivre sous une Règle et un Abbé. Les vœux que prononcent le moine sont un beau résumé de l’Evangile : Pauvreté, chasteté, obéissance et conversion de vie. Tel est le projet du moine, lorsqu’il part au désert avec des frères. Car la vie des cisterciens n’est pas une vie d’ermite en communauté mais bien une vie de fraternité au désert.
« Le monastère est figure du mystère de l'Église. Rien n'y est préféré à la louange de la gloire du Père et aucun effort n'est épargné pour que la vie commune tout entière soit soumise à la loi suprême de l'Évangile, en sorte que la communauté des frères ne manque d'aucun don spirituel. Les moines ont le souci d'être en commu-nion avec l'ensemble du peuple de Dieu; ils partagent son attente et sa recherche de l'unité de tous les chrétiens. En effet, par la pratique fidèle de leur vie monastique, comme par la secrète fécondité apostolique qui leur est propre, ils servent le peuple de Dieu et l'humanité tout entière. Chaque église de l'Ordre comme chacun des moines est dédié à la bienheureuse Marie, Mère et Figure de l'Église dans l'ordre de la foi, de la charité et de l'union parfaite avec le Christ. Toute l'organisation du monastère tend à ce que les moines soient intimement unis au Christ, puisque seul un attachement d'amour de chacun au Seigneur Jésus per- mettra aux grâces spécifiques de la vocation cistercienne de s'épanouir. Les frères ne trouvent leur contentement, en persévérant dans une vie simple, cachée et laborieuse, que s'ils ne préfèrent absolument rien au Christ, qui les conduit tous ensemble à la vie éternelle. » Constitution 3 de l’Ordre des Cisterciens de la Stricte Observance Il leur est bon d’être ainsi !
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